Rentrée

On nous attend pour 8h15 au lycée, mais je pars tellement en avance qu'à 7h30 j'y suis déjà. Discours interminable du proviseur, appel, listes infinies d'élèves. Le réfectoire est toujours le même, les couloirs sont inchangés, beaucoup de têtes restent connues. Je suis en terrain familier, je suis de retour ''chez moi'' comme je me plais à le dire.

Cependant, beaucoup de choses vont changer, je le sais. Depuis deux jours, je ne me suis rendue compte rien, comme si les changements allaient surgir insidieusement au moment où nous ne pourrons plus reculer. On nous annonce du travail par tonnes, par piles, par masses. On va nous accabler, nous écraser. On nous a prévenus, nous le savons. Mais je ne parviens pas à m'ôter cet espoir inébranlable qui siège dans mon cœur tous les ans. Je ne peux m'empêcher d'avoir foi. Pourtant, au fond de moi, je me doute que les premiers résultats vont me blesser: mon amour-propre, alors, se recroquevillera au fond de mon cœur et refusera de se montrer. Il se contentera de pleurer sur le bon temps du lycée... Et oui, l'hypokhâgne, c'est dur. On le sait.

Cependant, notre orgueil blessé pourra toujours redresser l'échine au moment du passage à la cantine: enfin, après trois ans d'attente, nous sommes prioritaires. Nous avançons tête haute devant ces pauvres petits lycéens qui nous regardent passer avec une lueur assassine dans le regard et leur estomac criant famine. Et oui! Chacun son tour...