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Obscuri sola sub nocte...
24 juin 2007

Longue vie aux hellénistes !

Jeudi 21. C'est le dernier cours de grec de l'année. Nous sommes quatre. Lu ne viens plus depuis longtemps déjà et ma Dame-Oiselle a quelques problèmes osseux. Ce jour-là, nous nous attaquons à l'Odyssée, en improvisé. Et voilà Nausicaa aux beaux bras blancs qui s'en va laver le linge des ses frères pour qu'ils puissent aller en boîte de nuit avec du linge propre. Soudain, au détour d'un buisson,

            Ώς ειπων θαμνων υπεδυσετο διος Όδυσσευς,
                    εκ πυκινης δ ̉υλης πτορθον κλασε χειρι παχειη
                    φυλλων, ώς ρυσαιτο περι χροι μηδεα φωτος.

(A ces mots, Ulysse émergea des broussailles. Sa forte main cassa dans la dense verdure un rameau bien feuillu qu'il donnerait pour voile à sa virilité.) S'ensuit une magnifique métaphore filée, celle du lion affamée se jetant sur le troupeau. Quatre hellénistes enragées qui rivalisent quant aux formes verbales (là un participe aoriste second de tel verbe, ici un impératif que personne n'avait vu venir), qui se disputent le sens des mots à coup d'étymologies plus ou moins vaseuses: la Marmotte va jusqu'à tout traduire de but en blanc, se laissant porter par le sens du texte.

Il est 20h20. Nous avions rendez-vous à 19h30 devant le lycée. Peu importe, nous voilà parties vers l'antre de notre professeur de grec, à l'autre bout des Yvelines. J'avais oublié qu'il y avait tant de monde à la fête de musique à Versailles! Tant et si bien qu'après quelques errances, de nombreux feux rouges et embouteillages, « quand ça va tout droit, ça tourne », nous trouvâmes le marronnier centenaire et le cimetière et entrâmes dans le sanctuaire.

Après un festin digne de Platon en compagnie de Polo et de Bulle, après quelques rivalités et coups bas pour savoir qui serait servie en premier de mousse au chocolat, après avoir tenté de rallumer la flamme du grec, nous voilà sept dans le salon. Sept plus une chienne. Et ma Dame-Oiselle, qui après quelques verres de vin ne souffre plus du dos, et Lu partent à la découverte des CD de Mado.

Un quizz sur les slows, où la Marmotte et la Dame-Oiselle se révèlent incollables. Des musiques plus vieilles que nous, qui me rappellent les bals du village, dans le sud, les étés de mes années sans dizaine. Des chansons que j'ai (re)découvertes il y a peu. Des chansons que j'avais oubliées. Et puis, le mieux, la cerise sur le gâteau: Mado qui fait la queue-leu-leu, qui danse la macarena ou se trémousse sur Tic Tic Tac... pour rien au monde je n'aurais échangé ces fous-rires, cette insouciance qui régnait dans le salon à ce moment-là. Un beau souvenir. Et après ça, vous osez dire que le grec est une langue morte? Honte à vous, vils marauds!

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